Moi, je ne crois pas non plus …

Aujourd’hui, j’ai envie de vous pré­sen­ter une pièce de théâtre de Jean-Claude Grum­berg « Moi, je crois pas ! ».

Un couple qu’on ima­gine blanc, cis­genre, hété­ro­sexuel, un poil xéno­phobe, la cin­quan­taine bien tas­sée, dia­logue. Mon­sieur s’endort quand il lit, Madame aime les docu­men­taires ani­ma­liers avec la voix de Pierre Arditi.

Pré­sen­tés comme cela, ils ne font pas for­cé­ment rêver je vous l’accorde, mais ce ne sont pas les bido­chons non plus. Vrai­ment, leurs dia­logues sont drôles et frôlent régu­liè­re­ment l’absurde. Les scènes s’enchaînent, et peuvent être pro­fondes, tou­chantes, ou désespérantes.

Tenez, un extrait dans un dia­logue au sujet de l’existence du yéti :

« Mr.     Je te demande si à ton avis, Dieu, Dieu tu sais ? Dieu …
Mme.   Oui Dieu…
(…)
Mr.        Je te pose la ques­tion : crois-tu oui ou non qu’Il ait fait le monde en six jours ?
Mme.   Moi je dirais moins.
Mr.        Com­ment ça moins ?
Mme.   Vu l’état du monde, six ça me paraît beaucoup. »

Ou encore :

« Mme.   T’es éner­vé là ?
Mr.        Devine ?
Mme.   Si ça t’énerve d’avoir tort, essaie d’avoir rai­son de temps en temps. »

J’observe avec pas­sion les méca­niques de la com­mu­ni­ca­tion inter­per­son­nelle : com­ment deux angles de vue dif­fé­rents sur un même mot ou la mau­vaise foi, éven­tuel­le­ment le (res)sentiment, peuvent faire bas­cu­ler le dia­logue dans le mal­en­ten­du, le qui­pro­quo et éton­nam­ment d’autres fois vers la négo­cia­tion voire la com­pli­ci­té. Inté­res­sant de relire ces dia­logues en se deman­dant dans quel “sché­ma” de com­mu­ni­ca­tion se trouve ces 2 per­sonnes. En tous cas, tout rebon­dit dans ces dia­logues en ping-pong qui nous mettent au pré­sent, dans le rythme, à l’accueil de quelques belles punch-lines !

Allez une petite dernière :

« Mr.     Ca va, ça va, j’ai com­pris, parle à mon cul ma tête est malade.
Mme.   Je sais.
Mr.        Tu sais quoi ?
Mme.   Que ta tête est malade et que ton cul vaut guère mieux. »

Voi­là, j’ai bien ris, alors je vous par­tage cette pépite qui sera rapide à lire et jamais ennuyeuse. En revanche, si vous aimez les his­toires qui finissent bien : n’y allez pas 😉 !